Les piquets de ma mère

Les mésaventures d'une famille pauvre qui tente de s'établir à Séoul, et y affronte l'occupation, la guerre et les difficultés quotidiennes. Une des oeuvres les plus populaires de la littérature coréenne. Ce texte en trois parties est consacré à trois moments très précis de la vie d'une famille, et plus particulièrement de la mère de la narratrice. 1. Veuve, elle quitte le village de ses parents d'abord avec son fils, avant de revenir chercher sa fille, encore en bas âge. Direction Séoul, contre l'avis de toute la famille. Elle veut y planter "les piquets de sa tente", c'est-à-dire recréer une famille à partir de rien. Elle est déterminée à offrir à son fils la possibilité d'étudier et de réussir, et répète à sa fille - trop jeune pour en comprendre la signification - que la ville fera d'elle "une femme moderne". Mais à Séoul, les choses sont plus difficiles que la mère ne l'avait pensé. Sa pauvreté l'oblige à vivre "Hors-les-Portes", dans un quartier mal considéré... Monter de la campagne à la ville, c'est épouser le principal mouvement du siècle, celui de l'exode rural. En quelques dizaines d'années, Séoul est devenue un monde à elle seule, reproduisant toutes les divisions du reste du pays. Presque tous ses habitants se retrouvent dans la même situation que la mère, écartelée entre un pays natal mythologique et une ville où ils n'ont pas de passé. 2. L'action de la seconde partie se déroule beaucoup plus tard, la mère étant devenue grand-mère et sa fille (la narratrice) chef de famille. Un accident (une mauvaise chute de la mère, qui nécessite son hospitalisation) fait remonter tous les souvenirs des grands drames du siècle, la guerre et la division. Pak Wansô en donne une vision non directement historique, mais très humaine : les sentiments et réactions des habitants bousculés par le passage des troupes, l'occupation successive de la ville par les camps opposés. La méfiance et la haine, les dénonciations. Au cours de ces épisodes tragiques, le frère aîné a été tué. 3. La troisième partie a trait à la vieillesse, à la maladie et à la mort, perçues à la fois par la grand-mère, la mère et ses neveux. Car ce qui se passait autrefois "simplement" à la campagne, grâce à la famille, au clan et au village, n'est plus assumé par la grande ville et son anonymat. La fille a pour but unique de respecter les dernières volontés de sa mère (la crémation), lesquelles n'ont aucun sens pour la jeune génération.